Sebastian Michaelis
Messages : 18 Date d'inscription : 17/02/2014 Localisation : Au manoir.
| Sujet: Textes en vrac Ven 21 Mar - 21:59 | |
| Hellow ~ Je poste ici mes textes en tout genre (que ce soit OS, truc, chose, bref). - J'aipastrouvédetitrelalala - Partie 1:
Aujourd’hui, le 16 juillet, je vais chez ma grand-mère, qui habite en Ardèche. C’est un département situé en Rhône-Alpes où il fait un temps magnifique et une chaleur étouffante en été mais en saison hivernale, la température chute et il peut faire vertigineusement froid. Pourtant, même en hiver nous allons lui rendre visite car mon grand-père est parti au ciel. Oh non, ce n’est pas récent, il est décédé il y a déjà huit ans quand je n’avais que six ans, c’est la raison pour laquelle je n’ai que de vagues souvenirs de lui, excepté au moment de ses funérailles.
Je m’en souviens encore, le soleil brillait, le ciel était d’un bleu pur, cependant personne ne l’avait remarqué. Toute leur attention était focalisée sur la bière que l’on mettait en terre ; tous pleuraient la mort de mon grand-père. Je n’avais pas compris ce qu'il se passait exactement, mais en voyant mon père, les larmes qui coulaient sur ses joues, lui que je n’avais pas vu pleurer une seule fois, j’en avais aussi versées. J’avais dû jeter une rose, une belle rose rouge dont les pétales semblaient se gorger de soleil jusqu’au moment où elle était tombée sur le cercueil, enfouie dans le sol pour l’éternité, se décomposant lentement. Mes larmes s’adressaient également à cette rose que j’avais tenue, serrée si fort que je m’étais entaillée la paume de la main droite. Du sang avait perlé, écarlate, une couleur saisissante que je n’avais pu observer qu’à de rares reprises. J’avais été légèrement déçue lorsque le bandage avait été enroulé autour de ma blessure, je n’arrêtais pas d’examiner ma main.
Ma grand-mère ne voulait pas emménager chez nous, à Paris. « Trop de bruit, trop de pollution. » disait-elle, secouant la tête, un simple sourire aux lèvres. Mes parents ne voulaient pas la forcer à s’en aller, ils avaient donc décidé de lui rendre visite à chaque vacance scolaire. Le trajet est long, néanmoins, le paysage est absolument magnifique. Passer des larges autoroutes envahies de monde aux petites routes sur le flanc d’une montagne me fait à chaque fois rêver ; je sors donc de mon sac de voyage un crayon, une gomme et un bloc de dessin, et je me mets à dessiner ce que je vois, la forêt qui croît sur la montagne, la recouvrant d’un manteau vert, les plaines et les champs s’étirant sur plusieurs kilomètres. Ma mère m’a toujours dit que j’avais un don pour le dessin, et mon père m’exhortait à utiliser plusieurs techniques différentes pour mettre mes œuvres en couleur : la peinture, l’aquarelle -c’est certainement ma manière préférée-, le crayon, le feutre, et même les pastels. Je suis à chaque fois fière de leur montrer mes œuvres et eux sont fiers d’avoir « une fille si talentueuse ». Sentant mes paupières s’alourdir, je range mon attirail de dessin et je me laisse tomber dans les bras de Morphée.
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Je suis doucement réveillée par ma mère qui m’appelle de sa voix où perce encore l’accent du Sud que j’apprécie entendre. J’ouvre les yeux, vaguement éblouie par la lumière du soleil, qui amorce déjà sa descente dans le ciel. Il doit être aux alentours de quatre heures. Je sors de la voiture, les jambes engourdies, et je ferme les yeux pour mieux apprécier le soleil sur mon visage, la brise dans mes cheveux, les stridulations des criquets qui semblent provenir de partout autour de nous, et surtout, l’air pur qui se diffuse en moi, comme un parfum indolore. Je comprends pourquoi ma grand-mère -Mamé, c’est comme ça qu’on l’appelle- ne veut pas quitter l’Ardèche, c’est un département de rêve ! Je rouvre les yeux et regarde autour de moi. Le hameau est composé de plusieurs pavillons en pierre, un matériau qui isole parfaitement, ce qui fait qu’en cette période de l’année, la maison devient un îlot de fraîcheur comparé à la touffeur environnante. Tout le monde dans le hameau se connaît, nous sommes comme une grande famille, en quelque sorte. Ce n’est pas le goudron des villes qui tapisse le sol, mais plutôt du sable et des cailloux qui blessent la plante des pieds mal protégés. Des touffes d’herbes parsèment le sol, et autour des jolies fleurs plantées par les voisins volent les papillons colorés.
Je me tourne vers mes parents à l’entente de mon prénom et les aide à porter nos bagages. Nous restons pour tout le mois de juillet, ce n’est pas pour ça que les valises sont lourdes : nous laissons des affaires de toutes les saisons chez Mamé, dans nos chambres respectives.
Nous arrivons à la porte en bois qui clôt la maison de ma grand-mère, ceinte de murs du même matériau. Nous avons un double des clefs pour éviter à Mamé de nous ouvrir. De plus, on lui fait la surprise, et voir son visage réjoui m’empli de bonheur à chaque fois. Nous entrons dans la cour où elle a mis du linge à sécher, derrière une table et des chaises en plastique. A gauche se trouve un plant de laurier rose, ses préférés ; à droite s’ouvre une embouchure qui donne sur la cour arrière avec un verger et un potager, et une porte qui ferme la cave, où sont entreposées des bouteilles de vin et de champagne pour les grandes occasions, et le garde-manger.
Nous montons les escaliers qui mènent à la porte d’entrée, devant laquelle se trouve un balcon -une terrasse- où l’on peut admirer le paysage, les champs de lavandes qui s’étirent au loin. Et enfin, j’ouvre la porte et une bouffée de nostalgie m’envahit. J’entre la première dans la cuisine qui fait place au salon sans aucun mur. Juste devant moi se trouve la longue table en bois qui pourrait accueillir une dizaine d’invités, avec des bancs en guise de chaise. A ma gauche sont placés les plans de travail, le four, le micro-ondes, l’évier et la plaque de cuisson, et les placards renfermant les assiettes et les verres sont suspendus au dessus de tout ça et le réfrigérateur est collé au placard contenant les biscuits. En face de la cuisine se trouve la salle de bain et les toilettes, séparées de la pièce principale par des portes vitrées coulissantes comportant des rideaux. Un miroir surplombe un lavabo blanc sur un placard qui renferme des brosses à dents neuves, du dentifrice et des serviettes. Au fond de la pièce, il y a la douche isolée avec une cloison opaque. Je pose les deux sacs qui m’encombraient et je cours vers le salon qui comporte deux canapés face à face, sur lesquels est assise Mamé. Alors, Mamé est encore très jolie, sa peau est douce et ses cheveux blancs en carré plongeant encadrent son visage rond. Elle a des beaux yeux verts, les mêmes que ceux de Papa et les miens et un sourire qui illumine la pièce. Mamé est gentille comme un cœur mais aussi bornée qu’une mule, c’est ce qui fait tout son charme. Elle est douce et elle a la main verte, comme on peut le constater juste en admirant ses beaux fruits et légumes.
Je me précipite dans ses bras et elle m’accueille avec un baiser sur la joue, s’écriant d’une voix claire. « Marie, ma chérie ! Vous êtes arrivés tard dis moi. - Oui Mamé, on a eu une panne de réveil, je réponds en riant, heureuse de la revoir. » Un peu plus calmement arrivent mes parents qui embrassent à leur tour ma grand-mère. Elle semble rayonnante, notre séjour ici lui fait visiblement du bien.
- J'aipastrouvédetitrelalala - Partie 2:
Après avoir un peu discuté, nous allons nous installer. Mes parents dorment au rez-de-chaussée, dans la chambre attenante à celle de Mamé, une pièce qui comporte une armoire pourvue d’un miroir, d’un lit double, deux guéridons et d’une grande fenêtre avec des volets en bois, bleu ciel, que l’on doit fermer manuellement.
Quant à moi, je dors à l’étage, dans un grand lit confortable. C’est une grande pièce où se trouvent deux autres lits et une commode, seulement éclairée par une petite fenêtre dépourvue de volets, ce qui fait que je me réveille tôt, éblouie par la lumière matinale, mais ça ne me gêne pas. Il y a aussi des toilettes adjacentes, séparées de la salle à coucher par un simple mur sans porte, pratique n’est-ce pas ?
Je descends les escaliers en bois après avoir posé ma valise au pied de mon lit, mon sac de voyage sous le bras. Je rejoins ensuite ma grand-mère et mes parents sur le canapé de droite, le rouge bordeaux -l’autre est beige. Je m’assieds à côté de Mamé et sors mon carnet de dessin pour lui montrer tout ce que j’ai fait, les paysages que j’ai dessinés, les fruits que j’ai représentés. Elle tourne les pages, détaillant chaque dessin avec une attention particulière que j’adore ; elle semble toujours intéressée par ce que je fais, ça me redonne confiance parfois. Soudain, elle pose les yeux sur le dessin d’une petite fille d’à peine douze ans. Elle a des cheveux d’un noir de jais nattés, des beaux yeux bleus limpides, un visage fin et sur ses lèvres se dessine un sourire timide. Son nez en trompette et son teint halé lui donnent un air adorable. Elle porte une robe bleue marine s’arrêtant en dessous des genoux, des chaussettes hautes, blanches, et des ballerines noires. Et sur sa poitrine, au niveau de son cœur est cousue une étoile jaune, ressortant sur le bleu de la robe, avec inscrit dessus le mot « Juif». J’ai utilisé de l’aquarelle, ce qui rend le dessin « fluide », et j’ai encré les contours avec de l’encre de Chine. Je l’ai fait il n’y a pas longtemps, six mois.
Mamé semble bouleversée à la vue de la petite fille à l’étoile, je ne comprends pas pourquoi et la regarde avec un air intriguée. Mes parents ont l’air tout aussi ignorants que moi et attendent patiemment qu’elle se reprenne. Lorsque c’est fait, je la questionne d’une voix douce, ne voulant pas la brusquer.
« Qu’est-ce qu’il y a, Mamé ? - Je...Non, ce n’est rien ma petite, ne t’inquiète pas. »
Elle paraît soudainement plus fragile, et ça me fait de la peine ; je n’insiste donc pas même si je sais que non, ce n’est pas rien. Je clos le sujet en tournant la page et en lui montrant d’autres dessins. Néanmoins, elle est toujours émue et ailleurs, et ressasse sûrement quelques noirs souvenirs.
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Je suis allongée dans mon lit, me demandant toujours pourquoi cette petite fille à l’étoile jaune a autant affecté Mamé. C’est bientôt l’heure de dîner, j’entends ma mère et ma grand-mère le préparer, pendant que mon père prend sa douche.
J’ai fait ce dessin suite à un livre que j’ai lu, il y a six mois. Il traitait de la Seconde Guerre Mondiale, de la Rafle, du Vél d’Hiv. J’ai été marquée par ce côté sombre de l’histoire de France, où les troupes françaises se sont alliées -même soumises- à celles d’Allemagne, et ont trahi leur Patrie, arrêtant les Juifs de Paris. 13 152 ont été emportés le 16 et le 17 juillet 1942, d’après une plaque commémorative, rue Nélaton, où était construit le Vélodrome d’Hiver. La crasse, l’horreur, la puanteur, les cris, les pleurs, les supplications, les appels déchirants. Je ne l’ai pas vécu mais ça reste en moi. Alors pour ne pas oublier, j’ai décidé de dessiner cette petite fille en robe bleue. J’ai gardé un sentiment de culpabilité et même si ce n’était pas moi qui a arrêté et emmené ces personnes, je me sens toujours un peu coupable lorsque j’y repense.
Pourtant, je ne sais pas pourquoi Mamé a l’air aussi impliquée dans cette histoire datant de maintenant 72 ans exactement, puisque aujourd’hui est le 16 juillet. Et puis, la réponse me vient, claire. Un membre de la famille a peut-être trouvé la mort, comme les six millions de Juifs. Je soupire et fixe le plafond blanc, me vidant la tête.
Ma mère m’appelle pour manger et je descends pour la retrouver, elle, Mamé et Papa déjà attablés, m’attendant. Je leur souris joyeusement et me place à côté de mon père, ses cheveux bruns encore mouillés, qui est en face de ma mère. Le repas se passe dans une bonne humeur naturelle, malgré le regard parfois perdu et peiné de Mamé, mais mes parents ne semblent pas s’en rendre compte.
Maman et elle sont les deux meilleures cuisinières de la famille, nous avons droit à une simple salade ardéchoise, composée de salades, bien sûr, accompagnées de magret de canard, de petites pommes de terre et de petits carrés d’échalote, arrosés de vinaigre et d’huile, avec de la moutarde, sans oublier le poivre et le sel. C’est délicieux, et mon père et moi ne nous retenons pas pour le faire savoir, les complimentant comme si elles avaient cuisiné un somptueux repas de fête.
Le repas fini et la table débarrassée, nous nous asseyons sur les canapés et allumons la télévision. Ce soir est diffusé un vieux feuilleton qui ne m’intéresse pas énormément ; je me tourne vers Mamé qui est installée à côté de moi et lui chuchote d’une voix douce, sans attirer l’attention de mes parents. Je ne sais pas comment aborder le sujet alors j’attire juste son attention, sans être trop brusque, la regardant dans les yeux d’un air grave qui ne me ressemble pas.
« Mamé. »
Elle semble comprendre et baisse les yeux, comme blessée. Je crains d’avoir fait une bêtise mais elle relève la tête et me dévisage avec une tendresse que je reconnais bien. Elle arbore ensuite un air résigné, comme un condamné qui se dirige vers la corde. Elle prend la télécommande et baisse le son qui devient presque inaudible, sous le regard étonné de mes parents.
Et puis, elle commence à parler d’une voix lente où perce une tristesse et une émotion palpable.
- J'aipastrouvédetitrelalala - Partie 3 (c'est la dernière ~):
« C’était il y a exactement soixante-douze ans. J’avais alors onze ans. C’était en fin de matinée, on entendait les pas des soldats. Ils emmenaient les habitants juifs et je pouvais entendre les voix inquiètes des enfants. Je crois qu’ils n’emmenaient que les petits avant douze ans, je ne sais pas. En tout cas, je sortis devant l’immeuble, et je fus choquée par la foule. Des femmes, des hommes, des enfants. Tous arboraient l’étoile à leur poitrine. Il y avait tellement de personnes que c’en était effrayant. Je ne compris pas tout de suite ce qu’il se passait. Et puis c’était à ce moment que je vis une petite fille aux cheveux noirs dans ma classe, Elza. Elle n’avait pas d’amis et restait toujours seule depuis qu’elle avait cette étoile jaune. Son regard croisa le mien et ce fut comme un choc. Me tournant vers mon père qui était descendu lui aussi, j’allais lui demander où allaient ces personnes mais je ne dis rien lorsque je vis son visage fermé. Ensuite, ma mère descendit et me gifla, elle me tira par le poignet, violemment et me ramena à l’intérieur. Elle ne m’avait jamais frappée auparavant et j’avais les larmes aux yeux mais j’avais compris que la situation était grave. »
Mamé fait une pose, inspire calmement. Elle reprend d’une voix plus affirmée mais toujours un peu fragile.
« Après, j’allais rendre visite à mes grands-parents à Beaune-la-Rolande. C’était une ville -ou un village- tranquille, avant de servir de lieu de camp de transit. Je passai devant. Je m’étais jurée de ne pas regarder, mais je ne pus résister. Et au moment où je levai les yeux, ils tombèrent sur le corps de la petite fille, Elza. Elle était allongée à terre, et une femme, sûrement sa mère était penchée sur elle. Elle pleurait. Sa fille était morte, une mort due à la saleté, à la malnutrition, aux conditions de vie. Si on pouvait appeler ça de la vie, bien sûr ! »
Sa voix défaille à la dernière phrase. Elle pleure, maintenant. Je m’en veux de lui avoir demandé et je l’enlace, je ne sais pas quoi faire pour la calmer ; ses pleurs sont silencieux. Ma mère verse quelques larmes. Mon père reste imperturbable, malgré ses yeux qui brillent. Quant à moi, je me retiens de sangloter. L’histoire racontée par Mamé n’est pas forcément triste, elle réveille pourtant en moi tous ces sentiments que j’ai éprouvés lors de la lecture de ce livre. Pitié, dégoût, colère.
Nous restons longtemps comme ça. C’est étrange de voir Mamé pleurer, elle qui est toujours souriante. Je me sens coupable, je me dis que c’est de ma faute, je n’aurais pas dû la pousser à nous raconter cette histoire, mais d’un autre côté, je suis presque heureuse de l’avoir entendue. Soulagée ? Peut-être un peu, aussi.
Mamé a fini de pleurer et elle nous regarde avec ses beaux yeux verts encore brillants, surtout rouges et légèrement gonflés. Ca me fait de la peine de la voir comme ça, mais elle nous fait un petit sourire vaillant qui me réchauffe le cœur et qui me donne envie de pleurer, les deux à la fois. Elle ouvre la bouche mais aucun son ne sort et je ne cesse de la regarder, peinée. Enfin, mon père prend la parole d’une voix sourde qui se veut forte.
« Allons nous promener... Au marché, c’est une bonne idée, non ? »
Ma mère acquiesce immédiatement et je ne peux que l’imiter. Je sais qu’ils essayent du mieux qu’ils peuvent de sortir de cette sorte de nostalgie, d’atmosphère emplie de tristesse. Mamé secoue la tête, baissant les yeux, et dit.
« Je suis un peu fatiguée, je vais me coucher. Je suis désolée de ne pas pouvoir vous accompagner, mes enfants. »
Je sais qu’elle dit la vérité, son visage semble avoir pris quelques années en moins de trente minutes. Je lui adresse un sourire accompagné d’un regard tendre qu’elle me rend, peut-être avec peine. Mamé se lève et après nous avoir tous embrassé, rejoint sa chambre.
D’un accord commun et silencieux, mes parents et moi ne parlons pas de cette histoire, de la réaction de Mamé. Nous sortons de la maison et prenons la voiture pour se rendre dans le village voisin, où un marché nocturne est souvent organisé.
Après une heure, nous rentrons. Discrètement, pendant que mes parents rangent les quelques achats effectués, je vais jusqu’à la porte de la chambre de Mamé et me tiens juste devant. Je n’entends que le silence et soupire de soulagement. Elle dort sûrement, et je devrais faire de même. Je souhaite une bonne nuit à mes parents, les embrasse, et montre dans ma chambre. Je me change rapidement et me glisse dans mon lit, moelleux et frais.
Quelques minutes passées, je ne dors toujours pas. J’ai toujours du mal à m’endormir le premier soir, je n’arrive pas à donner une explication. Je me tourne et me retourne, mais ne trouve pas le sommeil. Je pense encore à Mamé et à son histoire.
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Un mois a passé et nous voilà devant la voiture. Papa et moi rangeons les valises dans le coffre pendant que Maman et Mamé discutent à côté. Une fois cela fini, nous nous tournons vers les deux bavardes qui s’arrêtent -enfin- de parler. Nous nous sourions et commençons à nous dire au revoir. Même si je sais que nous allons revenir bientôt, je sens que Mamé va beaucoup me manquer. Je l’embrasse sur les deux joues, lui fais un câlin et nous sommes déjà dans la voiture qui démarre. Je me tourne en arrière malgré la ceinture qui m’entrave et je salue Mamé de la main, joyeusement. Elle répond à mon signe et m’adresse un sourire lumineux. A l’avant de la voiture, mes parents sourient de ma joie. Alors que Mamé est déjà loin, je la vois qui met son index devant sa bouche. « Garde cette histoire pour toi, semble-t-elle dire. » Je comprends. Une larme coule sur ma joue et je me retourne, sereine. Fermant les yeux, je me laisse emporter par Morphée qui m’entraîne à sa suite dans le monde des rêves et du sommeil, un monde merveilleux où il n’y a pas de discrimination ni de guerre. Un monde parfait.
« Adieu, Elza. » Je crois entendre une voix emplie de sanglots, une petite voix chuchoter cette courte phrase. C’est sûrement un rêve, un doux rêve.
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